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        Lorsque je reprends mes esprits, je suis allongé dans le couloir loin d’elle et le premier visage que j’aperçois penché sur moi est celui du médecin-légiste. Je ne peux réprimer un mouvement  de recul qui l’amuse. Il me tend un sucre et se tourne vers Grangier.
    « Une simple hypoglycémie qui s’additionne au choc… Nourrissez-le un peu, et je vous autorise à mener l’interrogatoire. »   
        Encore groggy, je me lève en laissant le sucre effacer le goût de bile qui empâte ma bouche. Grangier me ramène au commissariat, me tend un paquet de biscuits et s’installe derrière son ordinateur, l’air compatissant. Je me demande juste si c’est pour me mettre en confiance et me mettre au trou juste après.
    « Dites-moi tout ! »


    La tête entre les mains, je lui raconte tout ce que je sais de Morgane, depuis notre rencontre à l’université, jusqu’à cette journée fatidique où elle est partie.
    « Et vous n’avez eu aucune nouvelle depuis ?
    - Aucune.
    - Et sa famille ?
    - Il ne lui reste qu’un cousin en France, Calvin Simon. A l’époque il commençait une école d’ingénieur… Il doit être en  dernière année je pense… Je dois le prévenir !
    - Non, nous allons le faire, nous et lui demander de l’identifier lui aussi. Il est de la famille alors légalement… Juste une dernière chose… Où étiez-vous hier entre 16 et 21 heures ? »
        J’en étais sûr. Si la sœur est délinquante, pourquoi le frère ne serait-il pas un assassin, qui aurait mûri sa vengeance pendant trois longues années… Je retiens la remarque cassante qui me brûle les lèvres et je réponds poliment en me remémorant ma journée de la veille.
    « J’avais cours jusqu’à 16h. J’ai dû quitter le lycée vers 16h30 après avoir discuté un peu en salle des profs. Puis après j’ai rejoint un copain à la salle de sport : on a fait une partie de squash. Puis je suis rentré chez moi, il devait être 19h… »
        Il note tout ce que je lui dis, le bruit du clavier de son ordinateur résonne dans mon crâne.
    « Vous pouvez disposer, monsieur BenKalish.
    - Calvin est un gamin, je m’occuperai des obsèques, lorsque… vous n’aurez plus besoin du corps…»


        Il hoche la tête, me serre la main puis murmure enfin « Toutes mes condoléances... » avant de m’accompagner à la porte. Je reste debout quelques instants devant le commissariat. J’ai froid mais je ne ressens plus rien. Ma gorge se serre de nouveau et sans que je le décide consciemment, mes pas se dirigent vers la seule personne de la ville que je peux déranger à l’improviste

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  • Commentaires

    1
    SheZeve
    Mardi 19 Mai 2009 à 14:09
    J'adore le plan que t'as pris pour les photos du réveil d'Azra avec le légiste, et celle où il est dans le bureau du policier =D Hin-hin qui va-t-il voir ? Serait-ce...Serait-ce...
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