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    En trois longues enjambées, Coriolan rejoignit le portail de la petite église de campagne. Il n'avait croisé personne jusqu'ici et craignait d'être en retard, mais en poussant le lourd battant, il se rendit compte qu'il était parmi les premiers arrivés.

    IV-1

    Il aperçut Azra assis au premier rang de la travée, la tête enfouie dans ses mains, les épaules complètement affaissées sous le poids du chagrin.

    Son cœur se serra.

    Il détestait voir son ami malheureux, et qui pis est, malheureux à cause d'une femme.

    Il s'approcha silencieusement de lui et lui étreignit l'épaule dans un geste de réconfort. Puis il se laissa tomber sur le banc derrière Azra en se lamentant silencieusement de l'ennui qu'il allait devoir endurer tout le temps de la messe de funérailles. Il n'aurait accepté ce sacrifice pour personne d'autre qu'Azra.

    Le prêtre et les enfants de chœur s'affairaient autour de l'autel. Il en profita pour regarder discrètement autour de lui; l'église ne s'était que fort peu remplie : un couple d'une quarantaine d'années qu'il reconnut comme étant les patrons du café où, étudiant, il aimait traîner; Calvin, bien entendu, le cousin de Morgane qu'il avait parfois croisé quand cette dernière le prenait en vacances chez elle et dont les yeux brillants trahissaient le manque de sommeil et une certaine nervosité; un autre couple dont la pâlissime blondeur évoquait des origines nordiques et qu'il avait déjà rencontré chez Azra; deux très jolies inconnues bien qu'au style très différent, pour ne pas dire opposé, l'une arborant une mine boudeuse, et l'autre un air timide.

    IV-2

     Il était étonné par la pauvreté de l'assemblée présente et s'interrogeait sur les liens qui l'attachaient à Morgane. Les invités gardaient-ils d'elle des souvenirs aussi catastrophiques que les siens ? Ou était-il le seul à l'avoir méprisée ? Il ne savait pas si la sensation qu'il éprouvait était liée à la sacralité du lieu mais il planait comme un parfum de mystère autour de la défunte... Et les circonstances de sa mort n'arrangeaient rien... Tiens, ce serait peut-être un bon début de trame pour son prochain livre, lui qui ne s'était jamais essayé au polar... Aussitôt formulées, il s'en voulut de ces pensées cyniques. Morgane était morte désormais et quelqu'aient été ses torts, elle ne méritait pas de mourir aussi jeune.

    Il devait reconnaître que cela n'avait jamais été l'amour fou entre eux : il n'avait supporté sa présence que pour complaire à son meilleur ami. Sans savoir pourquoi, il l'avait prise en grippe dès le début de sa relation avec Azra, comme s'il avait pressenti la manière dont leur histoire d'amour se terminerait.

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  • Commentaires

    1
    SheZeve
    Jeudi 8 Juillet 2010 à 01:33
    La 1ère image est sublime : le traitement de la lumière et de ombres, c'est parfait !
    2
    simorette
    Jeudi 8 Juillet 2010 à 10:52
    merci SheZ... en fait, je n'y ai pas passé beacoup de temps; si je me souviens bien j'ai fait flou gaussien > incrustation > gomme sur les endroits que je voulais éclaircir...
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