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    C’était notre premier "rendez-vous". Le soir de ce fameux jour où je l’avais attendue à la fin de son exam. C’est Coriolan qui m’avait conseillé cette boîte de jazz. Bien plus classe que le café Nalong. Et surtout peu fréquentée par les étudiants que nous connaissions. Je voulais que nous soyons tranquilles rien que tous les deux.
        Morgane ne semblait pas très à l’aise au début. Elle m’a avoué bien plus tard qu’à ce moment-là le jazz ce n’était pas trop son truc. Puis le type a commencé à chanter ce vieux standard de Sinatra.

    “Fly me to the moon
    And let me play among the stars
    Let me see what spring is like
    On Jupiter and Mars   
    In other words, hold my hand”

        Saisie d’une impulsion, elle s’est levée. Elle m’a pris la main.
    « On danse ! » elle m’a annoncé comme une évidence. 
        Je me rappelle de l’effroi qui m’a parcouru. Mais ce n’est pas un slow, ça ! Je ne vais pas savoir faire. Elle m’a rassuré d’un sourire. Elle m’a guidé, et avec elle, cela  semblait tellement naturel…

     

        Le son d’une conversation m’interrompt dans ma rêverie tandis que je descends les deux marches.
    « Désolé, Cassie. Mais je n'ai pas envie de jouer à ça... pas ce soir... pas avec toi...
    - Il n'y a pas de mal, c'était juste une proposition, tu sais... Il reste du vin ? »
        Oups ! Je m’arrête net. Cassie et Coriolan ? Enfermés dans la cave, qu’est-ce que c’est que cette embrouille ?
     - Merci mon amour…  In vino veritas. »
        J’entends un bruit de verre brisé et Cassandre ajoute :
    - Mazel tov, Cassandre, t'es vraiment la reine des connes. »

     Re-oups… Je ramasse la boîte à outils qui traîne fort heureusement près de la porte et je m’enfuis avant d’avoir été remarqué. Je comprends mieux le malaise de Cici tout à l’heure. Et moi qui l’ai bêtement jetée dans les pattes de Coriolan au cimetière… Quand on dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions…
    « Qu’est-ce que tu fiches ! » hurle Nigel à mon arrivée. « Kaya est en train d’accoucher !
    - Cool, mon gars ! J’ai de quoi la démonter ta porte ! Laisse-moi faire ! »
        En quelques minutes, je dévisse les charnières de la porte et un dernier coup d’épaule du futur papa la fait sauter. Moi aussi je suis papa !
        Tout s’accélère d‘un coup. Les ambulanciers débarquent, Nigel s’est précipité auprès de Kaya… Tiens, ça c’est un cri de bébé. Une fille… Ma fille…
        Je ne sers plus à rien maintenant. J’attends juste une assistante sociale qui doit m’amener mon enfant. Ma fille ! Nour…

     

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  • Commentaires

    1
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    Lundi 18 Mai 2009 à 22:18
    Ah ben finalement tu les as pas floutés ?
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