• 30

    IX-3

     Enfin, Coriolan arrêta le moteur et demanda à sa compagne de garder les yeux fermés. Il l'aida à descendre de voiture, la guida de quelques pas.

    - Voilà ! Tu peux ouvrir les yeux maintenant, lui souffla-t-il dans le dos.

    Surprise, Cassie tourna sur elle-même en découvrant le café de leurs années étudiantes, puis le scruta attentivement, hésitant à comprendre.

    Une expression grave s'était inscrite sur les traits de Coriolan qui lui expliqua, en réponse à sa question muette :

    - Recommençons sur de nouvelles bases... si tu veux bien...

    - Mais...Tu as dit que cet endroit était cher à ton coeur ? Que c'était là que tout a commencé ? Oh...

     IX-4

     Elle lui avait tourné le dos pour parler et il en profita pour l'enlacer dans cette position. Finalement, lui parler sans voir son visage était plus facile. Aussi prit-il une grande inspiration avant de se lancer dans sa confession.

    Il lui expliqua que, oui, cet endroit était cher à son coeur parce que c'était là qu'il l'avait vue pour la première fois et que chaque détail était resté gravé dans sa mémoire. Comment elle était habillée. Comment elle était coiffée. Comment elle se mouvait et comment elle riait aux éclats. Il lui raconta sa fascination face à son excentricité où perçait une pointe de désespoir. Son agacement de la voir n'accorder son intérêt qu'à Azra. Son envie brutale de l'arracher à ses bras pour lui crier qu'il existait et qu'il avait besoin de respirer sa joie de vivre, lui toujours si introverti et si maître de lui.

    - Tu sais, continua-t-il d'une voix basse, je n'ai jamais éprouvé avant toi le désir d'approfondir une relation avec une femme. Je me le suis toujours défendu. Tu m'as demandé dans la cave si j'avais peur de toi. A cet instant, je peux te le dire : je n'ai plus peur... Enfin, cela ne dépend plus que de toi...

    Et avant qu'elle ait pu lui répondre, il enchaîna rapidement :

    - Mais je préfère te prévenir : j'ai un caractère de cochon, je déteste le désordre, je ne suis pas très romantique, j'ai une chatte qui partage ma vie et qui se montre d'une jalousie maladive, je...


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  • 31

    IX-5

    Cassandre interrompit cette description par un éclat de rire joyeux et se retourna pour se retrouver nez-à-nez avec lui.

    - C'est trop tard Coriolan Galen, tu n'arriveras pas à me dégoûter...

    Il sourit en silence en effleurant sa tempe d'un baiser – c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour se dérober à l'intensité de son regard. Mais la peau de Cassandre était traître à distiller ainsi la tiédeur et le parfum de son corps. Si bien qu'avant même l'avoir voulu, la phrase fatidique lui échappa et qu'il s'entendit lui murmurer « Je t'aime » en resserrant son étreinte. Il ne se doutait pas que cela viendrait de cette manière bouleversante et sincère. Son coeur battait la chamade et il se sentait aussi gauche et emprunté qu'un adolescent lors de son premier rendez-vous.

    Il releva un peu la tête, inquiet de sa réaction à elle. Cassie restait pétrifiée, un sourire béat peint sur ses lèvres... et il se rendit compte avec horreur que ce sourire était sûrement l'exacte réplique de celui qu'il lui offrait en retour. Il ne lui manquait plus que les mains moites pour compléter ce tableau cauchemardesque. Enfin, presque. Car comme il la pressait d'un timide « Cassie ? » pour la faire réagir, la statue de sel reprit vie, et avec la vie la parole.

    - Bordel à queue de dieux orgiaq...

    IX-6

    La fin se perdit dans le souffle de Coriolan.

    Quand enfin, après un long moment, Coriolan défit le baillon de son baiser, Cassie trouva encore la force de murmurer:

    - Maintenant, je peux mourir...

     


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