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    Finalement, il eut la décence de m’abandonner derrière mon infect tas d’immondices sans attendre que j’en émerge (surement avec des vieux poireaux coincés dans le ruban de mon chapeau de surcroit). Et nous pûmes donc atteindre l’appartement en toute quiétude avec Kaya.
    Il nous suivit de près. J’avais tout juste eu le temps de proposer un thé à ma jeune stagiaire Suédoise, qu’il sonna à la porte. Nigel. Le sublime, l’excitant, le fantasmagorique Nigel. Doux comme une guimauve. Tendre comme un chamallow. Bon, vous avez compris, nul doute qu’à l’époque, et bien voilà... J’aurais bien voulu que... Mais n’allons pas trop vite, nous n’y sommes pas encore.
    J’ouvre donc la porte à Nigel, des frissons plein la peau et des sourires pleins la bouche. Je le connaissais depuis peu de temps, mais ça avait tout de suite bien accroché entre nous. Et on s’était rapidement liés. Comme il créchait aussi dans le bio, l’écologie et la vie saine, et qu’il était aussi Suédois, j’avais naïvement pensé qu’il pourrait m’assister dans mes éventuelles galères de traduction avec Kaya. Ouais, je suis très con des fois. En même temps, que voulez vous, c’est moi...
    Parce qu’en plus d’être un plat de nouille, naïf et crétin, je suis aveugle.
    J’ai effectivement remarqué que le courant passait plutôt bien entre Kaya et Nigel. Forcément, ils avaient certaines choses en commun, outre leur amour du bio et de l’écologie... La langue ça aide aussi... La culture, le pays. Bref toutes ces choses que je n’avais pas. Et donc ça plaisantait sec.
     
    Après une bonne heure, passée en observation sur les lieux, je propose à Nigel d’aller déjeuner en tête à tête au troquet de ma jeunesse, à un long quart d’heure de marche. Kaya, quant à elle, nous quitte sur le seuil de l’immeuble pour retourner construire les plans au cabinet.
    Le trajet fut parsemé d’embûches. Il fallut contourner plusieurs rues afin d’éviter Coriolan Galen qui décidément s’était mis en tête de rôder dans le coin (sérieux, il me suivait ou quoi ?).
     
    Puis je me fis héler depuis le trottoir voisin par un couple que, sur le coup, je fus totalement incapable d’identifier. Un grand basané, et une jeune brune. De mon âge à peu près. C’est Nigel qui me surprit en les interpelant à son tour :
    - Azra ! Morgane ! Mais qu’est-ce que vous faites par ici ?
    Foutue mémoire. Je ne devrais jamais perdre les gens de vue pour ne pas les oublier.
    Vous savez, cette solitude absolue que l’on ressent face à l’autre qui vous a reconnu et que vous ne remettez pas. J’étais comme ces personnages de manga. Avec des yeux ronds et une grosse goutte qui dégouline le long de la tempe.
     
    Ouais. Ahah. Je devais ressembler... A peu près à ça... Hélas...
    Après quelques tournures de politesse, nous échangeons nos adresses et nos numéros de téléphone en nous promettant de ne plus nous lâcher cette fois. Et que c’est juré, ils viendraient tous les deux à ma pendaison de crémaillère quand l’appartement serait terminé.
    Et j’arrive enfin à mon tête à tête. Au troquet. Face à mon beau Suédois. Emoustillée comme une adolescente. Préparant déjà à l’avance dans ma tête des milliers de scénarii tous plus romantiques les uns que les autres.
    J’ai peut être une mémoire de merde, en revanche l’imagination, ça y va. Croyez-moi.
    Il m’emmènerait là où nous nous sommes rencontrés. La première fois. En sortant du restaurant. Là, il m’avouerait qu’il n’a jamais oublié notre rencontre. Qu’il s’en rappelle les moindres détails (ouais ben quand on n’a pas de mémoire, on compte un peu sur celle des autres, vous moquez pas), ma coiffure, mes vêtements... Il me reprocherait aussi mon apparente légèreté qui donne l’impression souvent que je n’ai d’attache avec personne. Nulle part. Parce que ne dire que les qualités c’est pas romantique, c’est cliché. C’est nunuche. Et moi je ne veux pas de nunuche. Et il m’embrasserait devant un soleil couchant qui surplomberait la mer de son aura dorée... Ouais sauf que là c’est grave cliché... Et qu’en plus, y a même pas la mer dans le coin.
     
    Ainsi donc perdue dans mes douces pensées sucrées, j’eus l’impression de me prendre le chariot de barbapapa en pleine face quand il me demanda, tout rougissant :
    - Dis-moi, Cassie... Ca fait longtemps que tu connais Kaya ? Elle a quelqu’un ?
    Il n’y eut pas que les mots qui se répétaient. La sensation d’avoir déjà vécu cette scène. Trop de fois. Les gestes aussi furent identiques. Je m’effondrai sur la table. Anéantie.
    - Je veux mourir.
     

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  • Commentaires

    1
    Aziiat.
    Mercredi 20 Mai 2009 à 22:37
    Sont trop mignons Nigel et Kaya ! <3 Pauvre Cassie (bis), encore une veste... Décidément, les histoires d'amour c'est pas encore pour elle... =/
    2
    Enaya
    Mercredi 20 Mai 2009 à 23:24
    Mon dieu la pauvre Cassandre elle les accumule, entre Azra et Nigel... L'image de manga est absolument géniale *____* Et je suis mdr de la parodie de gone with the wind <3
    3
    simorette
    Jeudi 21 Mai 2009 à 09:43
    j'adore l'image façon manga !!!!
    4
    Koelia
    Jeudi 21 Mai 2009 à 10:14
    Terrible!!! La réplique bullée de Nigel..
    5
    C'ian
    Jeudi 21 Mai 2009 à 15:13
    J'adore l'image manga x'D Sérieux, c'est génial <33 *morte de rire*
    6
    SheZeve
    Jeudi 21 Mai 2009 à 20:24
    Super images ! No comment pour Cassie et sa poisse déconcertante...Et ça continue encore et encore...
    7
    zohus
    Vendredi 22 Mai 2009 à 01:04
    Après la version Comics, la version manga ! Pauvre Cassie, tu les accumules... Dommage que le scénario ne change pas, en revanche Le pire c'est qu'elle a vraiment ce putain de don de clairvoyance ! Tu n'imagines pas à quel point, quand je disais que j'avais en tête la rencontre de Nigel et Kaya... Pour une fois, elle délire pas tant que ça la Cassandre. Elle dit juste la vérité, mais vu qu'elle n'y croit pas elle même... (j'espère que personne ne parle suédois dans le coin, sinon gros spoil XD)
    8
    Isis
    Dimanche 24 Mai 2009 à 18:59
    En fait, Cassie, c'est une marieuse professionnelle qui s'ignore ^^
    9
    Rose
    Lundi 25 Mai 2009 à 20:37
    A l'ouest le Nigel ><les mecs sont vraiment pas délicats ù_ù
    10
    Rose
    Lundi 25 Mai 2009 à 20:41
    Zohus : première phrase, c'est "je t'aime" et le mot de Kaya c'est "Sucré" mais pour le dernier, chui pas sure, sure.
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