• Anamnèse

    Texte: Koelia  et LindsayDole / Illustrations: Koelia


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  •   Vains dieux ! Pour une biture, c’est une sacré biture que je tiens là. Mais je n’ose même pas ouvrir les  yeux tellement  ça résonne dans mon crâne. J’ai vraiment mal partout...

      Et si ce n’était pas une cuite ? Si ça se trouve, il y a eu un tremblement de terre. Je me suis peut-être pris l’appart sur le coin de la figure, ça doit être ça. Ou alors… Aïeuh ! Surtout pas de mouvements brusques. Doucement. Ouvrir les yeux. Non, c’est bien une cuite. Tout est absolument normal. Mes fringues en tas derrière la porte, comme d’hab’. La télé que j’ai oublié d’éteindre en m’endormant devant.  Comme d’hab’. TF1 ? J’en tenais une bonne hier soir si je n’ai même pas eu la force de changer de chaîne ! Aurais-je testé des mélanges à l’insu de mon plein gré ? Ou alors c’est Paul qui a déniché un nouveau truc à fumer.  Pourtant je m'étais bien juré d'arrêter. Plus jamais en tout cas ! Wow ! Il me faut une aspirine, d’urgence. Elle est où la salle de bain ?

    01 - Dimanche

     Ma tête dans un miroir est parfaite pour une campagne de pub sur la tempérance. Le teint blafard. Les yeux explosés. Des cernes de 3 km de diamètre au moins. Combien de temps est-ce que j’ai pu dormir ? Je me laisse tomber sur le carrelage. Les bulles du comprimé effervescent s’agitent dans le verre. Pas la moindre idée de l’heure à laquelle j’ai pu rentrer. La soirée précédente est comme noyée dans un brouillard...

      Le match avec Max et Paul au bar en fin d’après-midi. Les bières. La victoire de notre équipe. La tournée du patron. Et ben, je suis dans un bel état si je ne me rappelle même pas quand ni comment je suis rentré chez moi ! Et vu l’état de mon estomac, on n’a rien mangé en plus. J’ai la dalle ! Bon allez hop, petit-déj’ et je retourne dormir. De toute façon, demain je bosse tôt. Y’a quoi dans le frigo ? Bacon et œufs brouillés ? Pourquoi pas, ça me changera du café au lait.


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  •   Et zut, plus de bacon dans le frigo. J'ai encore la dalle moi ! Bon, il reste un fond de lait et un paquet de céréales doit bien trainer quelque part... En même temps, j'ai pas non plus des heures devant moi. Après ma cuite d'hier j'en ai écrasé grave. Je suis un peu à la bourre ce matin.

      J'enfile rapido un vieux pull qui gratte... Purée, il grattait autant ? Je me lave les dents et je file... J'ai pas franchement meilleure mine, mais bon, au moins la migraine m'a un peu lâché la grappe. Je la sens, là, au fond, dans mon œil gauche... Comme si un troupeau de pachydermes s'était assis tranquillement sur mon nerf optique façon moineaux sur un fil électrique... C'est pas vraiment douloureux, mais c'est pénible. C'est là. Je le sens. Je reprends vite fait une aspirine, même si les effets ne m'ont pas plus convaincu que ça hier. Mais bon, j'ai rien d'autre sous la main. Mélina m'a souvent dit que les médocs ça servait à rien quand on est migraineux. Je ne sais pas, c'est la première fois que ça m'arrive. En tout cas c'est vrai ça sert à que dalle. J'espère juste que ça va pas m'handicaper encore longtemps cette cochonnerie.

      La lumière me semble plus forte que d'ordinaire. Ce sont surement les effets des éléphants qui se balancent derrière mon œil. J'attrape mes lunettes de soleil et je sors. Le chemin pour me rendre au bureau me semble long ce matin. J'aurais pu prendre le bus mais il faisait beau. Enfin bon, c'est pas très malin aussi : je suis en retard et je flâne. Vais me faire accueillir moi...

      Depuis quelques minutes des effluves d'odeurs m'ont pris la tête et réactivé la douleur que je n'avais plus qu'en arrière plan. Ma tempe se met à battre. Je la masse vigoureusement, seule méthode qui me permet de faire partir la douleur, temporairement. Les fleurs, les voitures, les parfums des femmes, tout semble m'agresser aujourd'hui. Mon œil gauche se met à pleurer. Mon nerf à tirer. Ma tempe va exploser...

      Encore quelques mètres et c'est bon... Je vais quitter l'ambiance enfumée de la ville pour l'univers surchauffé du bureau. Pas sûr que ça améliore mon cas. Tiens, c'est quoi cette odeur ? Qu'est-ce qu'il me gratte ce fichu pull !

    02 - Lundi

      C'est la dernière fois que je le mets, je me suis arraché la moitié de l'épaule à me labourer de la sorte ! Oh ! un marchand de hot dog ambulant. C'est la première fois que j'en vois un.

      J'ai faim !


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  •   Les jours se suivent et se ressemblent. Encore une journée pourrie. Je me suis engueulé avec mon chef de service. Un quart d’heure de retard, il abuse !

    03 - Mardi

      C’est pas comme si ça m’arrivait tous les jours non plus. En trois ans de boîte c’est la première fois. Et pour en rajouter à l’emmerdement maximum, ce n’était pas que le pull qui me grattait hier. La chemise en coton m’a fait le même effet toute la journée. Je dois faire une saleté d’allergie à je ne sais trop quel moustique.  Et il ne m’a pas raté le salaud, vu la plaque qui me défigure l’épaule ! Manquerait plus que ce soit le moustique du chikungunya !

      La migraine est toujours là. J’ai dormi douze heures et je me suis réveillé épuisé. Et affamé. J’ai toujours une tête de déterré… Et si j’étais tombé malade ? Non ! Comme dit mémé Corinne, quand l’appétit va, tout va ! Vu la taille de l’entrecôte que j’ai dévorée au restau ce midi, de ce côté je suis tranquille. A propos, mon frigo est presque vide… Elle est où ma liste de courses ? Hou là, ça va pas bien dans ma tête, faudrait peut-être que j’achète autre chose que de la viande rouge ! Et si je luttais contre une anémie ? Le teint pâlot, la fatigue… Ou une mononucléose ? J’appelle mon toubib demain pour prendre rendez-vous, on ne sait jamais, entre cette allergie, la migraine et la fatigue. Un petit check-up ne me ferait pas de mal. Bon sang, il est déjà plus de minuit ? Ça ne me réussit pas trop l’introspection.  Comment ai-je pu rêvasser si longtemps ? Je vais encore être dans un bel état moi demain. Allez un Nurofen et au lit !


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  •   La loi de Murphy me poursuit encore, comme la migraine. Pour une fois que j’ai vraiment besoin d’elle, ma toubib est en vacances.

    04 - Mercredi

      Son remplaçant est un connard. Le fait que ma dernière copine se soit barrée avec lui n’entre pas en ligne de compte. Pas du tout ! En plus il est gros. Gros et con. Et moche. Comme mon chef de service. Bordel, trois minutes de retard ce matin et il m’attendait, regardant sa Rolex de merde… Bref, j’ai rendez-vous au retour de MON médecin, dans quinze jours. Pas avant. Mais ce n’est pas possible de me retrouver face à cette enflure finie. Je finirais par le bouffer !


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