• Image Lindsay Dole

    Suite au concours annuel Miss/Mister CritiSims 2009, auquel nous avons toutes participé à l'Atelier, nous nous sommes retrouvées avec nos candidats sur les bras, des personnages vides et sans histoires (des "tupperwares" comme les surnomme Link). Mais nous avions passé du temps à créer ces sims, et nous trouvions dommage de les abandonner là. Autant les rentabiliser un minimum et donc leur offrir leurs propres aventures !

    Comme nous venions juste de créer le blog de l'Atelier, c'est là qu'est venue l'idée (de zohus qui n'est jamais en rade de ce côté là) : et si nous faisions notre première nouvelle collective, en interprétant chacune l'un de nos candidats Miss/Mister ? Au début, il s'agissait d'une sorte de jeu de rôles ou de cadavre exquis géant. Puis, l'idée s'est affinée, et le principe est devenu le suivant :
    Nous racontons la même histoire, avec une trame commune. Un évènement réunit tous nos personnages, des liens les relient les uns aux autres. Mais nous racontons chacune notre propre nouvelle, du point de vue de notre personnage. Avec les sentiments de chacun, l'histoire personnelle de notre héros qui fait qu'il perçoit les choses à sa manière.
    Le projet étant collectif, nous avons tenu à garder cet aspect d'écriture commune. Aussi, il y a un peu de nous toutes dans les nouvelles des autres. D'abord, parce que la trame s'est construite avec des idées piochées à droite à gauche chez tout le monde, mais aussi parce que nous avons toutes collaboré à l'élaboration simesque de l'histoire pour l'illustration. Non seulement parce que nos sims ont tous un style, une griffe qui nous est propre, mais également parce que nous avons toutes plus ou moins mis la main à la patte pour la construction des décors, par exemple. Ou encore parce que lors des scènes communes, pour les dialogues notamment, nous avons véritablement écrit certaines scènes à plusieurs. Afin que chaque personnage sonne juste, nous les avons réellement interprétés dans les passages communs.

    Vous allez donc pouvoir lire une nouvelle de chaque auteur de l'Atelier, relatant un même événement autour duquel nos personnages se sont tous retrouvés (ici, un enterrement). Mais chacun avec leur histoire personnelle, ce qui donnera une histoire résolument différente à chaque fois, avec un ton différent, bien que ce soit la même histoire au départ.
    En espérant que cette expérience d'écriture méga-collective-expérimentale vous plaira autant à la lecture que nous à l'écriture...

     

    Avec

    par ordre d'apparition

    Koelia

    dans le rôle d'

    Azra

     

    Link

    dans le rôle de

    Cassandre

    Parthénia

    dans le rôle de

    Coriolan

    Zohus

    dans le rôle de

    Nigel

                                         Kaya créée par Finette88

     

    Nienna

    dans le rôle de

    Vicky

    Enaya

    dans le rôle de

    Lucia
    Une nouvelle over collective

    Aziiat

    dans le rôle de

    Calvin

    SheZeve

    dans le rôle de

    Diamond

     

     


    2 commentaires
  •                                               Image et textes par Lindsay Dole

    Je suis morte.
    Comment ? Vous le découvrirez bien assez tôt. Vous savez, lorsque l’on n’existe plus, certaines choses vous paraissent soudain bien futiles. Aujourd’hui c’est mon enterrement. L’évènement a été si brutal que je n’ai même pas pu rédiger de testament. A 30 ans comment aurais-je déjà pu prévoir des obsèques quand j’espérais encore au moins vivre le double de mon âge ? Du coup je vais être enterrée dans ce petit cimetière, alors que j’aurais préféré la crémation. Il va me falloir supporter l’éternité à penser que mon pauvre corps sera rongé par les vers et sera envahi de pourriture. J’étais plutôt une jolie fille. J’ai pas spécialement envie d’avoir des asticots qui me sortent par le nez... Mais bon, je ne peux plus protester, alors je vais regarder comme vous, en me consolant avec le fait que « je n’aurais plus jamais mal aux dents » comme le chantait Georges Brassens.
    Et si on ouvrait les paris ? Sur quoi ? Sur qui ? Mes invités bien sûr ! C’est Azra, mon ancien compagnon, qui a tout préparé. Je l’ai quitté comme un malpropre et il a tout organisé. Je l’ai quitté alors que je l’aimais encore pour le protéger de ce qui m’est inévitablement arrivé. Et il m’a retrouvée. Peut-être découvrira-t-il aujourd’hui la vérité sur notre rupture...
    Cassandre arrivera en retard, comme d’habitude. Elle se fera remarquer avec une tenue excentrique, des paroles trop hâtives, un rare don à se coller la honte toute seule et à rire d'elle même avec cette force qui cache un profond mal de vivre depuis des années.
    Coriolan ira faire le joli cœur avec les quelques amies de l’assemblée qu’il ne connait pas encore, blessera tout le monde avec ses remarques cyniques, amassera les numéros de téléphones de conquêtes d’une nuit pour se persuader qu’il n’aura jamais besoin d’être amoureux.
    Nigel sera surement embarrassé d’avoir vu la ligne parfaite de ses plans contrariés par l’imprévu de mon décès. Il déteste tellement l’imprévu. Il sera paniqué et stressé, à moins qu’il ne trouve le moyen de mettre à profit son déplacement pour ses projets personnels. J’ai cru apprendre qu’il comptait épouser son amie Kaya très bientôt.
    Vicky a toujours été une mauvaise élève, elle ronchonnait pour aller en cours, ronchonnait quand elle avait de bonnes notes, ronchonnait quand elle avait de mauvaises notes, ronchonnait quand je venais lui donner des leçons particulières, ronchonnait quand elle allait aider ses parents au café de la faculté. Je suis sure que ce sont ses parents qui l’auront poussée à venir aujourd’hui. Et je suis sure qu’elle ronchonnera. Mais elle ne me ferait pas honneur si elle ne le faisait pas.
    Lucia sera aimable avec tout le monde, drôle gentille douce. Gaffeuse aussi parfois. Ça lui échappe. C’est comme ça. Mais elle se tiendra toujours dos au mur. Pour cacher le secret qu’elle retient sur sa peau et qui révèle ce qu’elle est véritablement.
    Calvin, mon cousin, viendra prier une dernière fois pour la mémoire de celle qui l’a fichu dans le pire des pétrins. Ne sois pas triste mon cousin, mon dernier acte aura été de pouvoir donner un peu de piment à ta vie éteinte. Tu auras entrevu quelques temps les couleurs d’un monde différent de celui de ton écran d’ordinateur, grâce à moi...
    Et Diamond...Cette harpie de Diamond osera-t-elle pointer son museau ici ?
    Mais chut ! J’entends Azra qui entre... Il s’approche de mon cercueil. Par la porte la lumière est si blanche que je n’entrevois que des silhouettes floues. Mal découpées. Je ne peux pas encore tous les reconnaitre. Mais je vais les suivre. Les regarder. Entrer dans leur vie, dans leur tête, chacun tour à tour. Et aujourd’hui ma mort dénouera les secrets rentrés, ma mort unira les amants qui se fuyaient, ma mort révèlera les personnalités et les démons cachés...


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  • 01


    « Je ne cèderai pas le premier, Nigel ! Laisse tomber !

    - Ya pas moyen ! »

       Bon sang ! Ce petit jeune ne va quand même pas me flanquer la pâtée au bras de fer ! Hors de question…

    « Azra ! Ton portable fait un boucan d’enfer dans les vestiaires ! »

    Surpris de l’appel de Michaël, je sursaute. Ce foireux de Nigel en profite pour étaler mon bras contre la table.

    « Oups ! Tricheur ! Je proteste en massant mon poignet contracté. Je suis trop vieux pour ces conneries maintenant.

    - Tu es mauvais perdant, Azra, ça craint ! Allez je file, Kaya va m’attendre !

    - Ciao ! »

       Il me fait un signe de la main. En souriant, je retourne vers le vestiaire jeter un regard sur ce traître de téléphone.


    Numéro inconnu… Pas de message… Je prends ma douche et quitte les vestiaires au moment où ça sonne de nouveau. Numéro toujours inconnu.

    « Oui ?

    - Monsieur BenKalish ? C’est le lieutenant Grangier… »

      Je ferme les yeux. Mon cœur ne s’emballe même plus dans ma poitrine tellement j’ai l’habitude. Ma petite sœur adorée de ce côté de la Méditerranée… Ma croix… Elle a dix-sept ans et s’est fait pincer une première fois avec des copains en train de fumer autre chose que du tabac, une deuxième fois en train de piquer des cosmétiques dans une boutique new age, une troisième fois aux côtés d’un dealer notoire dans une voiture volée… Tout ça parce que mon père est trop vieux pour gérer une adolescente en pleine crise et que sa bimbo de nouvelle femme est trop évaporée pour s’en occuper.

    - Qu’a donc encore fait Sabrina ?

    - Ce n’est pas exactement le problème cette fois, monsieur BenKalish… »

    Il semble embarrassé et je ne comprends pas.


    - Dites-moi…

    - Ce n’est pas Sabrina… Il vaudrait mieux que vous veniez au commissariat, c’est relativement urgent…

    - Dois-je contacter un avocat ?

    - Non, cela ne vous concerne pas directement, mais… il faut que vous veniez !

    - Bon j’arrive, je suis à cinq minutes à pied. »


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  • 02

        Un peu inquiet tout de même, je me dirige vers le commissariat en rêvant de mes prochaines vacances chez ma mère, à Casablanca.
    - Monsieur BenKalish ! »
        Le lieutenant Grangier m’accueille avec une mine sombre en me tendant la main. Je la serre machinalement.
    « Que se passe-t-il ?
    - J’ai besoin de vous à la morgue, pour reconnaître un corps… »

    Je chancelle, me retiens au mur.
    « Qui ?
    - C’est bien le problème, Monsieur BenKalish… Cette inconnue ne portait aucun papier d’identité sur elle, si ce n’est une note avec un numéro de téléphone et un prénom… Le vôtre monsieur BenKalish que j’ai immédiatement reconnu grâce à Sabrina. »
        Une angoisse sans nom étreint mon cœur tandis qu’il m’observe avec attention. Il cherche peut-être à étayer des soupçons mais une seule question résonne dans mon cerveau. Inconnue ou inconnu ? Je n’ose pas demander.
    « Emmenez-moi vite ! » je souffle et il me fait signe de le suivre.
        Nous montons dans une voiture dont la sirène me vrille les oreilles. Si un toubib me prenait la tension, je suis sûr que son appareil exploserait. Grangier ne dit rien, ne me regarde pas. J’ai peur.

        Nous arrivons enfin à l’hôpital. Comme un zombie, je le suis à travers les couloirs aseptisés. Je ne remarque même pas que trois autres flics nous suivent. Il ouvre une porte, le légiste l’accueille avec un grand sourire puis se tourne vers moi.

    D’un geste de la main, il désigne une table, une horrible table d’examen avec un corps recouvert d’un drap. J’ai envie de m’enfuir, de tomber à genoux. Je tremble quand je m’approche. Je baisse lentement les yeux quand le docteur soulève le drap. La chevelure longue et blonde ne me dit rien. Mais ce regard noir figé sans vie… Ce visage… La fleur tatouée sur le sourcil…

    Mon cœur s’arrête de battre.
    « Nooooon ! »
        Un cri vrille mes tympans, et ce n’est qu’en basculant doucement vers le sol que je comprends que c’est moi qui l’ai poussé. Pendant la chute qui me paraît interminable, les souvenirs se télescopent devant mes yeux.

     

     


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